LE PASSION DU CHRIST (I)

LE PASSION DU CHRIST (I)

LES ASPECTS MEDICAUX DE LA PASSION DU CHRIST

 

Introduction

Lorsque Saint Thomas d’Aquin se demande si la Passion du Christ est de caractère universel par rapport aux souffrances que l’on peut souffrir, il répond[1]: «Les souffrances humaines peuvent être considérées à deux points de vue. Tout d'abord selon leur espèce et selon leur genre… Mais, selon leur genre, le Christ les a endurées toutes, sous un triple rapport.

 

1° De la part des hommes qui les lui ont infligées. Il a souffert de la part des païens et des juifs, des hommes et des femmes, comme on le voit avec les servantes qui accusaient Pierre. Il a encore souffert de la part des chefs et de leurs serviteurs, et aussi de la part du peuple. Il a aussi été affligé par tous ceux qui vivaient dans son entourage et sa familiarité, puisque Judas l'a trahi et que Pierre l'a renié.

 

2° Dans tout ce qui peut faire souffrir un homme. Le Christ a souffert dans ses amis qui l'ont abandonné; dans sa réputation par les blasphèmes proférés contre lui; dans son honneur et dans sa gloire par les moqueries et les affronts qu'il dut supporter; dans ses biens lorsqu'il fut dépouillé de ses vêtements; dans son âme par la tristesse, le dégoût et la peur; dans son corps par les blessures et les coups.

 

3° Dans tous les membres de son corps. Le Christ a enduré: à la tête les blessures de la couronne d'épines; aux mains et aux pieds le percement des clous; au visage les soufflets, les crachats et, sur tout le corps, la flagellation. De plus il a souffert par tous ses sens corporels: par le toucher quand il a été flagellé et cloué à la croix; par le goût quand on lui a présenté du fiel et du vinaigre; par l'odorat quand il fut suspendu au gibet en ce lieu, appelé Calvaire, rendu fétide par les cadavres des suppliciés; par l'ouïe, lorsque ses oreilles furent assaillies de blasphèmes et de railleries; et enfin par la vue, quand il vit pleurer sa mère et le disciple qu'il aimait ».

 

Il paraît intéressant donc de voir en ces jours de carême et de préparation à la grande semaine des chrétiens[2], à la lumière des connaissances médicales dans le domaine de la traumatologie, de la réanimation et de la criminologie, comment peut s’envisager la Passion de Jésus et la cause de sa mort à partir des éléments fournis par les Évangiles et l’archéologie. La question se pose d'âge en âge. Nous savons de quelle manière Jésus est mort. Il a été crucifié. Mais du point de vue médical, quel aspect de sa crucifixion a réellement causé sa mort ? Ici nous ne proposons pas d’examiner chaque théorie médicale pour savoir qui a raison ou pas, mais de vérifier médicalement d’après les études scientifiques les douleurs subies par Jésus au cours de sa passion qui ont provoqué sa mort… Comme principe général nous pouvons dire que la cause de la mort de Jésus a été sa souffrance physique, agonie, flagellation, couronnement, en se complétant avec l’asphyxie de la croix. «Pour examiner le mécanisme et la cause de la mort, vous partez de Gethsémani et vous suivez chacune des étapes », explique le Dr Zugibe[3]. «Chacun de ces aspects a contribué à sa mort. C'est notre façon de procéder en pathologie médico-légale: une reconstitution de la cause de la mort. Vous prenez tous les facteurs et leurs effets sur le corps, vous les réunissez et vous arrivez à la cause de la mort».

 

Cette première partie de ce travail donc s’enracine sur cette idée: la science médicale, après avoir analysé les souffrances physiques de Jésus lors de sa passion, n’arrive pas à expliquer dans un point de vue humain, l’extraordinaire résistance de Jésus. Mais cela s’explique parce que Jésus a voulu et devait souffrir toutes les douleurs nécessaires à la rédemption, et cela demande une force extraordinaire, une force surnaturelle… Donc la Passion de Jésus pour la science médicale est aussi un fait miraculeux. La deuxième partie de ce travail, plutôt théologique, complétera cette idée. 

 

Notre point de départ sera le témoignage de l’Ecriture Sainte : les évangiles qui racontent la passion de Jésus ; et de l’archéologie : le linceul de Turin… Le Linceul de Turin est une relique scientifiquement attribuée à Jésus de Nazareth. A ce propos disait Benoît XVI: « On peut dire que le Saint-Suaire est l'Icône de ce mystère, l'Icône du Samedi Saint. En effet, il s'agit d'un linceul qui a enveloppé la dépouille d'un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les Evangiles nous rapportent de Jésus, qui, crucifié vers midi, expira vers trois heures de l'après-midi. Le soir venu, comme c'était la Parascève, c'est-à-dire la veille du sabbat solennel de Pâques, Joseph d'Arimathie, un riche et influent membre du Sanhédrin, demanda courageusement à Ponce Pilate de pouvoir enterrer Jésus dans son tombeau neuf, qu'il avait fait creuser dans le roc à peu de distance du Golgotha. Ayant obtenu l'autorisation, il acheta un linceul et, ayant descendu le corps de Jésus de la croix, l'enveloppa dans ce linceul et le déposa dans le tombeau (cf. Mc 15, 42-46). C'est ce que rapporte l'Evangile de saint Marc, et les autres évangélistes concordent avec lui. A partir de ce moment, Jésus demeura dans le sépulcre jusqu'à l'aube du jour après le sabbat, et le Saint-Suaire de Turin nous offre l'image de ce qu'était son corps étendu dans le tombeau au cours de cette période, qui fut chronologiquement brève (environ un jour et demi), mais qui fut immense, infinie dans sa valeur et sa signification »[4].

 

 

En suivant les traces du Saint-Suaire nous allons analyser son agonie, sa flagellation, son couronnement d’épines, les taches de sang et sa mort sur la croix puis nous conclurons avec l’aspect théologique des souffrances du Christ, et enfin, nous exposerons un résumé sur les reliques de la passion aujourd’hui. Bonne lecture à tous et bonne méditation sur l’aspect central de notre foi chrétienne. 

 

Le Témoignage de l’Ecriture Sainte

 

Agonie: «Etant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des gouttes de sang, qui tombaient par terre » (Lc 22, 44).

Flagellation: «Alors Pilate prit Jésus, et le fit flageller » (Jn 19,1).

Couronnement d’Epines: «Les soldats tressèrent une couronne d’épines qu’ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre… » (Jn 19, 2)… « et prenant les bâtons, ils frappaient sur sa tête » (Mt 27, 30).

Crucifixion et mort: « Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l’esprit » (Mt 27, 50) … « Pilate s’étonna qu’il fût mort si tôt » (Mc 15, 44)… « S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 33-34).  

 

Le Crucifié du Suaire

L'image du Suaire, avec les plaies marquées par les taches de sang est d'une précision telle que nous pouvons savoir ce qu’a subi le Christ, comment il est mort. Parmi ceux qui ont travaillé sur cet aspect du Suaire et vérifié expérimentalement les tourments que révèle le Linceul, citons le docteur Pierre Barbet, de l'hôpital St Joseph de Paris.

 

A) Première vérité : L’agonie et la flagellation.   

Nous découvrons les traces de la flagellation romaine et aussi celles du couronnement d’épines telles qu’elles nous sont relatées par les Évangiles. Jésus a subi une flagellation terrible: 120 coups ont laissé une trace. On estime qu’il a reçu 60 coups d'un fouet à 2 lanières ayant au bout des osselets ou boules de plomb. Les médecins qui ont étudié le Saint-Suaire ont fait une reconstitution sur un tronc d'arbre, obtenant une distribution semblable, indiquant soit 2 bourreaux opérant de droite et de gauche, soit un seul, avec coups droits et revers.

 

Nous savons par les Évangiles que Jésus a été fouetté par les soldats romains. Le fouet romain, à manche court et à deux lanières lestées de deux boules de plomb, était destiné à punir les soldats par une flagellation de cinq, dix, voire vingt coups de fouets pour les punitions les plus violentes. Chaque coup porté laisse une trace précise sur le corps en forme de double haltère. Les lanières s’enroulaient avec violence autour des membres et les boules de plomb venaient alors terminer leur course en s’incrustant durement dans la chair. Souffrance terrible témoignée par le Saint-Suaire.

 

a) Témoignage de l’histoire : elle nous a laissé des indications suffisantes pour pouvoir se faire une idée exacte des conséquences de la flagellation.

1 – Guerre 1939–1945 : une des punitions réservées aux soldats désobéissants dans l’armée allemande était de les frapper de 20 coups de « nerf de bœuf ». Une condamnation à 70 coups était l’équivalent d’une condamnation à mort.

2 – Le cas d’Isidore Bakanja : Il était un jeune africain d’environ 20 ans, du Congo belge, en 1909. Il était serviteur chez un militant athée qui était colon dans une entreprise. Celui-ci lui fit subir une flagellation d’une grande violence, d’une centaine de coups, par un fouet à une lanière, parce qu’il avait porté un scapulaire dans son travail et parlé de Jésus autour de lui. Son agonie dura plusieurs mois et ses compagnons qui le recueillirent ne réussirent pas à le guérir. Il a été béatifié par Jean-Paul II en 1994.

3 – Chez les Tartares de Sibérie, l’emploi du knout au XIXe siècle était fréquent pour les punitions. Le knout était un fouet à deux lanières lestées de bouts de fer, ressemblant au fouet romain. À l’époque, une condamnation à 120 coups de fouets revenait à une condamnation à mort, en passant par une longue et terrible agonie.

4 – Chez les juifs, il y avait des sentences de flagellation avec un fouet à une lanière. Mais la loi judaïque interdisait de dépasser le nombre de 40 coups de fouet car la flagellation pouvait alors déclencher une crise cardiaque susceptible d’entraîner la mort. Ainsi, pour être certain de ne pas dépasser ce nombre, les juges du Temple limitaient les flagellations à un maximum de 39 coups de fouet, 13 sur la poitrine et 13 sur chaque épaule. Par contre la condamnation à cette sentence étant romaine, elle ne comportait pas de restriction sur le nombre de coups. Il est probable que cette flagellation ne s’est arrêtée que lorsque la fureur des bourreaux s’est apaisée devant le corps effondré de Jésus, certainement par crainte de le tuer en poursuivant.

 

b) La Pathologie de la flagellation: Selon l’avis du Dr. Clercq, cette souffrance portée sur une personne jouissant d’une bonne santé, déclenche les pathologies suivantes :

-de violentes douleurs, brûlantes et meurtrissantes, liées à l’écrasement des chairs au niveau des impacts des boules de plomb et qui seront suivies de contractures musculaires.

-au niveau du thorax se déclenchera une détresse traumatique cardiaque et respiratoire consécutive aux œdèmes importants des séreuses du cœur et des poumons par :

  • un œdème du péricarde (séreuse qui enveloppe le cœur),
  • un œdème de la plèvre des poumons.

 

En d’autres termes, cette flagellation, en plus des douleurs traumatiques, avait engendré une crise d’insuffisance cardiaque et une crise d’insuffisance respiratoire rendant la respiration et tout mouvement très difficiles et très pénibles. Si la flagellation était trop violente, une agonie plus ou moins rapide suit, de quelques minutes à plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Reprenons donc en détails les pathologies induites par la violente flagellation de Jésus pour essayer de comprendre les douleurs engendrées qu’il a ressenties[5].

 

L’insuffisance cardiaque du point de vue médical : Les coups, spécialement la flagellation thoracique, provoquent une péricardite. Le cœur se trouvait serré comme dans un étau, ce qui déclenchait alors des irrégularités graves du rythme cardiaque. Cette péricardite séreuse traumatique réalise une crise cardiaque grave[6].

Les signes cliniques généraux sont :

  • une angoisse,
  • des troubles de la conscience,
  • des convulsions possibles.

Les signes cliniques cardio-vasculaires sont :

  • douleurs de la région du cœur,
  • une tachycardie (accélération du rythme des battements cardiaques),
  • un collapsus (effondrement rapide des forces physiques rendant tout mouvement pénible et la parole faible, avec chute de tension artérielle, sueurs, cyanose avec refroidissement des extrémités),
  • une insuffisance cardiaque droite (le ventricule droit se contracte moins vigoureusement, la capacité de pompage baisse et le sang s’accumule dans tous les vaisseaux de l’organisme, d’où un œdème, en particulier aux membres inférieurs, pieds et chevilles).

Les signes cliniques respiratoires associés sont :

  • une oppression thoracique,
  • une intense difficulté de la respiration qui devient rapide et superficielle.

Donc la crise cardiaque grave est une urgence médicale. Si une prise en charge médicale n’est pas réalisée rapidement pour réduire les phénomènes pathologiques (par remplissage vasculaire et par ponction péricardique permettant la décompression du cœur), l’insuffisance cardio-circulatoire aiguë peut entraîner rapidement le décès.

 

 

L’insuffisance respiratoire du point de vue médical: L’insuffisance respiratoire est la conséquence directe de l’œdème traumatique de la plèvre qui entoure les poumons. Provoquée, elle aussi, par la flagellation, elle se surajoute à la pathologie de l’insuffisance cardiaque. La cause de l’insuffisance respiratoire est le dysfonctionnement de la mécanique ventilatoire provoqué par les traumatismes thoraco-abdominaux. Le thorax se trouve serré comme dans un étau et l’amplitude du mouvement respiratoire de la cage thoracique se trouve fortement entravé. La respiration devient difficile, pénible, courte, haletante et insuffisante. Il en résulte une perturbation importante des échanges gazeux entre l’air ambiant et la circulation du sang. Une personne atteinte d’insuffisance ventilatoire se trouve en insuffisance d’oxygénation. Cette incapacité provoque de la fatigue musculaire, et peut nécessiter une ventilation mécanique.

Les signes cliniques généraux sont :

  • un collapsus (effondrement brutal des forces de l’organisme),
  • des sueurs,
  • une cyanose (augmentation du sang non oxygéné qui donne une couleur bleuâtre à la peau),
  • des troubles du comportement et de la conscience produits par des troubles cérébraux par insuffisance d’oxygénation,
  • des convulsions.

Les signes cliniques cardio-vasculaires sont :

  • une tachycardie,
  • une hypertension artérielle,
  • un cœur pulmonaire aigu (accident cardiaque aigu provoqué par une affection pulmonaire brutale).

Les signes cliniques respiratoires sont :

  • une dyspnée intense,
  • un tirage, un battement des ailes du nez, une respiration abdominale paradoxale.

En plus tout cela déclenche en particulier des crampes abdominales, une faiblesse des membres inférieurs, des sensations anormales de brûlures et de piqûres qui se rajoutent à celles de la flagellation. Cela peut aussi causer la mort par fibrillation du cœur. Donc l’insuffisance respiratoire est une urgence médicale. Elle entraîne une inefficacité cardio-circulatoire aiguë qui peut déboucher sur la mort si une prise en charge rapide médicalisée n’est pas réalisée (oxygénation, drainage pleural, ventilation assistée voire mécanique).[7]

 

c) Le phénomène de l’Agonie : Il faut aussi se rappeler et ajouter que la sueur de sang de Jésus survenue au cours de la nuit de Gethsémani a été provoquée par une angoisse extrêmement profonde accompagnée d’une détresse psychologique intense au cours d’une nuit de veille. Cette sueur de sang, ou « hémathidrose », est un phénomène rare, mais médicalement connu. La matière colorante du sang, sans les globules, passe à travers les vaisseaux capillaires de la peau et s’évacue par les pores en une sueur rouge. Cette sorte de «vasodilatation intense des capillaires sous-cutanés» a pour conséquence de rendre la peau d’une très grande sensibilité et, bien sûr, d’affaiblir considérablement l’organisme musclé. Le Dr Zugibe a dit: « J'ai trouvé une centaine de cas d'hémathidrose et, croyez-le ou non, leur dénominateur commun était la peur. Il y avait des cas précis: peur sur le chemin du supplice, peur sur le chemin de la guillotine, ou peur en mer d'un capitaine qui pensait qu'il allait mourir au milieu d'une violente tempête. Il y a eu aussi le cas d'une petite fille, en Angleterre, durant le blitz. Chaque fois que venait le blitz, elle suait le sang ! Ils ont tout essayé pour l'arrêter, mais sans succès. Cela a continué jusqu'à la fin de la guerre, quand les tirs des fusées ont cessé. Le dénominateur commun était la peur».

 

d) Conclusion : Jésus avait donc abordé la flagellation dans les conditions suivantes :

1 –après une nuit sans sommeil,

2 – avec un organisme affaibli par l’épreuve psychologique et par la sueur de sang de Gethsémani,

3 – une peau devenue hypersensible,

4 – après un interrogatoire difficile devant le grand prêtre,

5 – avec une grande sensibilité physique et psychologique, liée à son incarnation.[8]

 

Ce qui nous surprend est la constatation que les Évangiles ne relatent aucun évanouissement ni aucune manifestation de malaise de Jésus. On ne peut que rester surpris avec les médecins, de constater sur le plan médical, qu’il avait survécu à cette torture sans tomber dans un état comateux débouchant sur la mort. Plus étonnant encore, à la vue des violentes et nombreuses (environ 100 à 120) traces de coups de fouet sur son Linceul, que Jésus ait pu affronter ensuite une crucifixion avec une survie de trois heures sur la croix. Les recherches avec des spécialistes en traumatologie, en réanimation et en criminologie conduisent à découvrir l’horreur et l’épreuve extraordinairement douloureuse que représentait la flagellation pour Jésus. Les vérifications des pathologies antérieurement décrites conduisent les scientifiques à la constatation suivante: les connaissances actuelles en médecine d’urgence sont bien incapables d’expliquer cette résistance formidable de Jésus aux tortures endurées lors de la Passion.

 

B) Deuxième vérité : le couronnement d’épines.

Le Dr. Barbet nous explique que: «la couronne était une espèce de calotte formée de branches épineuses tressées et non un bandeau. Cette calotte, il fallait la fixer autour de la tête par un lien. Il existe de par le monde une quantité d'épines de la couronne, qui a été débitée au cours des siècles, pour satisfaire à la dévotion des chrétiens. On admet généralement qu'elles appartiennent à un arbuste épineux commun en Judée, le Zyzyphus spina Christi, espèce de jujubier. Il est probable qu'il y en avait un tas dans le prétoire, pour le chauffage de la cohorte romaine. Les épines sont longues et très acérées. Le cuir chevelu saigne très fort et très facilement ; et comme on enfonçait cette calotte à coups de bâton, les blessures ont dû faire couler beaucoup de sang ».

 

Et poursuit le médecin légiste Dr. Zugibe: «Les gens s'imaginent que ce n'était qu'une parodie, une raillerie de sa Royauté et c'était vrai, en partie. Mais l'effet du couronnement d'épines allait bien au-delà. Plus qu'une simple moquerie, ce couronnement lui infligeait d'autres terribles souffrances qui contribuèrent au choc. Car, lorsque vous analysez une plante comme le zizyphus Spina Christi, ou «épine du Christ», que l'on a pu utiliser, elle aurait créé un état pathologique appelé «névralgie essentielle du trijumeau». J'en ai vu de nombreux cas et c'est une douleur très forte qui traverse le visage. Si vous prenez une petite branche du nerf trijumeau qui va dans la dent et qu'il devient irrité, vous avez une rage de dents. Cela vous donne une idée de sa sensibilité. Prenez maintenant le tronc entier du nerf – qui traverse le visage et la tête en passant par les yeux – et c'est un triple branchement qui serait irrité. La douleur est si forte que certaines personnes se sont effectivement suicidées. La douleur peut cesser, et un souffle de vent la ravivera. Elle est atroce et toutes ces choses contribuent au choc traumatique».

C) Troisième vérité: les taches de sang au Linceul.

Barbet, dans La Passion selon le chirurgien, a décrit les blessures et les a mises en relation avec la crucifixion. A l'endroit des taches de sang, contrairement à l'image générale "roussissement", le tissu est imprégné et traversé dans les cas les plus importants comme à l'endroit de la plaie du côté. Pierre Barbet a observé aussi que ces taches ont été faites avec du sang coagulé et non du sang frais. Et, par exemple, la goutte de sang qui, sur le front, se termine en coulée a la forme d'une cuvette, due à la coagulation.

 

Les expériences de Vignon ont montré que le sang coagulé, réhumidifié, dans une atmosphère humide, tend à l'état humide, par dissolution de la fibrine. Quand 50 % de la fibrine est dissoute, le décalque des caillots de sang a la meilleure netteté. Avant, le sang trop dur ne marque pas le linge; après, il se forme des auréoles de capillarité qui brouillent les formes. Des expériences sur le sang ont été menées en 1978 : des chercheurs des Etats-Unis (R.A. Morris, L.A. Schwalbe et J.R. London) ont montré que les zones tachées de sang contiennent de l'hémoglobine humaine. Une autre étude, publiée en 1980 (J.H. Heller et A.D. Adler) a démontré également la présence de sang par une opération de microchimie extrêmement précise. Donc les taches de sang ont un intérêt immense pour le Saint Suaire: elles montrent les plaies d'un crucifié conforme à l'Evangile d'une part, et aux connaissances médico-chirurgicales d'aujourd'hui d'autre part.

 


[1] Cf. S.Th, III, q. 5 Le caractère universel de la Passion.

[2] Ce thème a été préparé par le P. Silvio Moreno, IVE pour les conférences de Carême aux jeunes de la Paroisse-Cathédrale de Tunis, en février-mars 2015.

[3] Nous citerons quelques considérations au long de ce travail du Dr Frederick T. Zugibe, M.D., Ph.D., ancien médecin légiste du Rockland County, New York, qui étudie la crucifixion depuis cinquante ans et que certains considèrent comme le meilleur expert mondial.

[4]Cf. Benoit XVI, Méditation lors de la visite au Saint - Suaire de Turin, le dimanche 2 mai 2010. www.vatican.va 

[5] Pour les descriptions des pathologies de la flagellation nous suivrons les conclusions de Jean-Maurice Clercq, membre du Conseil scientifique et conférencier du Centre International d’études sur le Linceul de Turin. Il a publié aux éditions F. X. de Guibert, La Passion de Jésus – De Gethsémani au Sépulcre, reconstitution médicale sur la mort du Christ à partir des dernières recherches sur le Suaire d’Oviedo, le Linceul de Turin et les grandes reliques de la Passion. Dans le but de rendre plus compréhensible la lecture, nous allons remplacer les thermes scientifiques médicaux par leur signification.  

[6] Cette insuffisance cardiaque a été subie par Jésus: elle nous est confirmée par l’examen de la plaie du cœur sur le Linceul de Turin.

[7] Le suaire d’Oviedo (linge de 53 x 83 cm taché de liquide ensanglanté), reconnu scientifiquement comme étant le linge qui a été posé sur la tête du même cadavre qu’avait contenu le Linceul de Turin, confirme la pathologie d’insuffisance respiratoire par l’importance du liquide pulmonaire qui l’avait imprégné. Ce linge avait été taché à 4 reprises par du liquide provenant des poumons et s’écoulant par le nez et la bouche lorsque le corps de Jésus avait été déposé de la croix et porté au tombeau.

[8] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIIa, q. 46, a. 5–8.

 

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