PROTESTANTISME ET BIBLE

PROTESTANTISME ET BIBLE

Une autorité protestante reconnue, Philip Schaff[1], résume les principes du protestantisme dans les termes suivants: «Le protestant va directement à la Parole de Dieu pour l'instruction, et sur le trône de la grâce dans ses dévotions ; tandis que le pieux catholique consulte l'enseignement de son église, et préfère offrir ses prières par l'intermédiaire de la Vierge Marie et les saints. «De ce principe général de la liberté évangélique, et de la relation directe et individuelle du croyant au Christ, passent les trois doctrines fondamentales du protestantisme - la suprématie absolue (1) de la Parole, (2) de la grâce du Christ, et (3) du sacerdoce commun des fidèles.... ».

Il est très important de bien clarifier la question biblique chez les protestants. D’une part ils utilisent la Parole de Dieu comme instrument de dévotion et comme nourriture de l’âme, chose toujours louable, mais d’autre part elle est utilisée comme instrument de bataille contre les catholiques, afin de critiquer leur dogme de foi. Souvent nous entendons dire: « vous les catholiques faite de choses ou croyez à des choses que la Bible ne dit pas de faire ou de croire».

Cela est extrêmement exagéré. En effet avant de nous critiquer ils devraient nous démontrer ou prouver pourquoi nous devons trouver dans la Bible tout ce que nous enseignons, nous croyons o nous faisons en tant que chrétiens catholiques, chose qu’ils ne pourront jamais faire parce qu’en effet, la Bible n’a jamais dit que tout doit être écrite en elle. Je m’explique: nous croyons que toutes les vérités de la foi catholique se trouvent dans la Bible, explicite ou implicitement, mais le fait qu’elles doivent être forcément écrites explicitement dans la Bible, n’est pas une doctrine biblique.

Or, on suppose, selon eux, que si une vérité afin d’être crédible doit être écrite dans la Bible, c’est parce que ils croient à la Bible comme Parole de Dieu, mais comment prouvent-ils cette vérité ? Où est-ce que nous trouvons dans la «Bible» qu’elle (la Bible en tant que telle, c’est –à-dire les 47 livres de l’ancien testament et les 27 livres du nouveau testament) est Parole de Dieu ou révélation de Dieu ? En plus où est-ce que nous lisons dans la Bible qu’elle est la Bible ? Aucun part ! Pas de problème ! La Bible est Parole de Dieu, et les livres qui composent la Bible sont inspirés par Dieu, mais c’est l’Eglise catholique et la tradition qui peut nous garantir cette vérité.    

Pour comprendre cette vérité il faut considérer qu’il y avait beaucoup des livres religieux écrits avant et après Jésus. Et c’est l’Eglise, après la mort de Jésus, qui avec son autorité a du faire un discernement surnaturelle et choisir entre tous ses écrits ceux dont elle reconnaît être inspirés par Dieu et ainsi former la Bible. Donc c’est grâce à elle que nous savons quels sont les livres inspirés vraiment par Dieu et donc Parole de Dieu. De cela nous sommes sur parce que l’Eglise est infaillible, et cette infaillibilité lui vienne pas seulement de son fondateur, mais aussi par les preuves historiques et par les miracles. 

Elle peut nous garantir donc trois choses :

  • Que la Bible est Parole de Dieu
  • Quels sont les livres que la composent
  • Quels sont les bonnes traductions selon le sens littéral des textes originaux.

Cette vérité que la Bible est Parole de Dieu est accepté par tous, y compris bien sur les protestants, mais ils ont refusé de croire à la « Mater et Magistra » qui enseigne et garanti cette vérité : l’Eglise[2]

A. Sola Scriptura (Bible seule)

Le principe de sola scriptura formulé par Luther signifie deux choses :

-que les Écritures canoniques, en particulier le Nouveau Testament, sont la seule source infaillible et la règle de foi et de pratique. D’où découle le refus de la tradition de l’Eglise et de son magistère.

-Et le droit de l'interprétation privée de la bible. Dans sa forme extrême William Chillingworth[3] a exprimé ce principe de la Réforme dans la formule bien connue: «La Bible, toute la Bible, et rien que la Bible, est la religion des protestants».

Le protestantisme a rejeté ces doctrines et cérémonies pour lesquelles, selon eux, aucun mandat clair n'était trouvé dans la Bible et qui semblait contredire sa lettre ou son esprit. Toutes les branches du protestantisme (ou presque) sont unis pour rejeter l'autorité du pape, le mérite de bonnes œuvres, les indulgences, le culte de la Vierge, les saints et les reliques, les sacrements (autres que le baptême et le mariage), le dogme de la transsubstantiation et le sacrifice de la messe, le purgatoire et les prières pour les morts, la confession, les prêtres, le célibat du clergé, le système monastique, etc.

A. 1. Sola Scriptura (Bible seule) : examen

Selon les protestants, la Bible enseigne que l'Écriture est Parole de Dieu et donc la seule règle de foi pour un chrétien. C’est faux ! Selon les protestants il s’agit de dire que c'est la Bible, et uniquement la Bible, qui peut dire le dernier mot pour décider ce que les chrétiens croient, pratiquent et comment ils vivent leur vie, et pas une institution (comme une Église ou comme un pape). Du coup, ce ne sont pas des personnes «désignées par Dieu» ou «honorées par les humains» qui peuvent décider de tout sur tout en ce qui concerne la foi et la vie personnelle des chrétiens, car tout être humain peut se tromper.

Mais cette idée est inadmissible. En effet, les protestants ne peuvent pas nous prouver par le seul témoignage de la Bible, que seulement la Bible nous conduit au salut et qu’elle est Parole de Dieu. Quel texte lisons-nous dans la Bible où elle se déclare elle-même Parole de Dieu ou seule règle de foi pour un chrétien ? Aucun part ! Cependant on pourrait citer le texte de Saint Paul en 2 Tim 3, 16 : « Toute Ecriture est inspirée par Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice ». Mais ce texte ne dit pas les limites de l’expression « toute Ecriture » A quels livres fait-elle référence ? Tous les livres du monde ? Les seuls livres de la Bible? Si oui à cette question comment expliquer alors le fait que Saint Paul n’a pas connu ni les lettres de Saint Jean, ni son Apocalypse, ni son évangile ? En effet Saint Paul meurt martyr à Rome en 67 et Saint Jean, le dernier des apôtres, écrit en 90. En réalité l’accent de cette expression est mis sur l’utilité d’une écriture qui est vraiment inspirée par Dieu.      

Par contre l'Église catholique a toujours enseigné qu'il y a deux sources de la révélation divine (l'Ecriture Sainte et la Tradition sacrée), et que l'Eglise instituée par Jésus-Christ a reçu le pouvoir de déterminer le sens authentique de l'Écriture et de la Tradition.

Si la Bible est la seule règle de foi pour un chrétien, alors, logiquement, l'Église ou la tradition ne seraient pas une règle de foi pour un chrétien. Mais cette affirmation est manifestement erronée quand on considère les faits suivants :

1. Lorsque le christianisme et né, il y a avait uniquement les livres de l’Ancien Testament, puisque ceux du Nouveau Testament n'avait pas encore été rédigé. Si les premiers chrétiens avaient fondé leur foi sur les seules livres de l’Ancien Testament, ils n'auraient pas su grande chose sur Jésus, à part quelques références prophétiques que l'on retrouve dans l'Ancien Testament.

2. Comme nous avons dit plus haut la Bible elle-même ne parle pas de la doctrine de sola scriptura ou de quoi que ce soit du genre. Logiquement, si elle ne contient pas la doctrine de sola scriptura, cette doctrine devrait être rejetée, par application de cette même doctrine!

3. Bien au contraire ce principe contredit la bible elle-même. Par exemple, Saint Jean dira à la fin de son évangile : Il y a encore bien d’autres choses qu’à faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on écrirait (Jn 21, 25). Et à la fin de sa troisième lettre écrit : J’aurais beaucoup de choses à te dire. Mais je ne veux pas le faire avec de l’encre et un calame. J’espère en effet te voir sous peu, et nous nous entretiendrons de vive voix! (3 Jn 13, 14). Saint Paul par contre ordonne que soit transmis ce qui a été écouté : Ce que tu as appris de moi sur l’attestation de nombreux témoin, confie-le à des hommes surs, capables à leur tour d’en instruire d’autres (2 Tim 2,2). Prends pour norme les saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l’amour du Christ Jésus (2 Tim 1, 13). … de notre cote nous ne cessons de rendre gracies à Dieu de ce que, une fois reçu la Parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueilli, non comme une parole d’hommes, mais comme ce qu’elle est réellement, la Parole de Dieu (Tes 2, 13). Or nous vous prescrivons, frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, de vous tenir à distance de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne se conforme pas à la tradition que vous avez reçu de nous (2 Tes 3, 6).    

4. Le Christ, fondateur de notre religion, était une personne et non un livre. Il est remarquable que le Christ n'a lui-même rien écrit. Il nous a enseigné sa doctrine oralement et par ses faits et gestes. En tant que personne, le Christ a beaucoup fait qui n'a pas été consigné par écrit (Jn 21.25) mais qui a été vu et entendu par les apôtres (1 Jn 1.1).

Conclusion, les protestants ne pourront jamais nous démontrer scientifiquement, par la Bible elle-même, qu’elle est Parole de Dieu et qu’elle soit la seule règle de foi pour un chrétien.  

Par rapport au deuxième principe de livre interprétation, ils expliquent qu’il s’agit du libre examen, c’est-à-dire le fait que tout être humain avec l’aide du Saint Esprit est libre de réfléchir, de juger et d’interpréter par lui-même, directement, les textes bibliques.

Mais cette doctrine est contre la Bible elle-même : Où est-ce que la Bible dit de faire son interprétation de façon privée et personnelle? Aucun part! Et si la Bible ne dit pas cette affirmation, alors selon le principe que seule la Bible peut nous aider (sola scriptura), il faut refuser cette affirmation de la libre interprétation.

Le cas contraire nous le voyons dans l’Evangile de Luc: l’attitude de Jésus avec les disciples d’Emaus. Il les explique les écritures. Ce principe est en contradiction aussi avec l’enseignement de Saint Pierre, qui parlant des lettres de Saint Paul dit: « 2 Pi 3, 16. Et aussi 2 Pi 1, 20 ».

Ce principe détruit aussi l’unité de l’Eglise: les conséquences de la libre interprétation ont été dévastatrices pour le christianisme occidental. On ne compte plus le nombre de sectes protestantes. Les sectes les plus libérales se servent allègrement de la Bible pour justifier des dérives doctrinales. Les sectes plus conservatrices ne peuvent rien leur reprocher, puisque leur interprétation a autant d'autorité que celle de n'importe qui. De cette façon on peut affirmer tout et son contraire sans aucun problème. Par exemple le parlement anglais justifia le mariage de Henry VIII avec Anne Bollene parce que en 1 Samuel 1, 5 nous lisons « il aimait Anne » (le texte fait référence au père de Samuel) et comme ça on pouvait justifier beaucoup de choses. Pire encore, ce poison s'est infiltré malheureusement dans le catholicisme. Sous l'influence du protestantisme, de nombreux catholiques ont pris l'habitude de s'appuyer sur une interprétation privée de tel ou tel verset biblique pour remettre en question l'enseignement de l'Église, qui est l'enseignement du Christ, mais surtout pour se voir plus soulager moralement devant les exigences du Christ et de l’Eglise.

Finalement ce principe est utilisé par les protestant quand il le convient, en effet chacun d’eux lisent et distribuent de traductions de la Bible et non pas les textes originaux. Et puisque toute traduction est certainement une interprétation, ils lisent sur une déterminée interprétation. Or, si on doit donc interpréter l’écriture avec l’aide du Saint Esprit, pourquoi le faire sur une interprétation déjà faite ? Et si cette interprétation est valide, pourquoi alors l’Eglise Catholique ne peut pas nous enseigneur à interpréter la Parole de Dieu, tel que le fait un traducteur quelconque ?[4]

Voici une conversation fictive qui illustre la méthode protestante:

Un protestant: Croyez-vous à la Bible?

Un catholique: Oui, bien sûr.

P: Regardez ce verset, Matthieu 23.9, n'appelez personne «père» sur cette terre, car vous n'avez qu'un seul Père. Les catholiques n'appellent-ils pas les prêtres «père» en contravention à la Bible?

C: Je suppose qu'il doit y avoir une bonne explication...

P: Alors regardez ici, Exode 20.4, tu ne feras point de statue, tu ne te prosterneras point devant elles. Les catholiques n'ont-ils pas de nombreuses statues dans leurs églises devant lesquelles ils se mettent à genoux?

C: Oui...

P: Regardez encore ici, Jérémie 44.17, le prophète reproche aux Israëlites d'honorer la «reine du ciel». N'est-ce pas de Marie qu'il parle?

C: Marie est effectivement la Reine des Cieux.

P: Je pourrais ajouter de nombreux autres exemples qui démontrent que le catholicisme est en contradiction avec la Bible.

C: Et alors?

P: Vous avez dit que vous croyez à la Bible, donc vous devriez quitter le catholicisme. Vous pourriez vous joindre à notre groupe, puisque nous suivons parfaitement la Bible.

C: Je vais y réfléchir. 

La vérité est que seule la foi catholique est parfaitement en accord avec la Bible lorsqu'elle est comprise correctement. Reprenons les exemples donnés par notre protestant fictif:

Dans Matthieu 23.9, le Christ nous dit de n'appeler personne «père». Devons-nous comprendre que nous n'avons pas le droit d'appeler notre père physiologique «père»? Même les protestants le font, puisqu'il faut bien l'appeler quelque chose. Si on regarde le passage dans son contexte, le Christ utilisait dans ce passage une figure de style pour nous indiquer comment il ne faut pas rechercher des honneurs.

Dans Exode 20.4, il nous est dit de ne pas nous prosterner devant des statues, mais il faut le lire avec la phrase précédente: «tu n'auras pas d'autres dieux». Ce dont il est question ici, c'est se prosterner devant des idoles, des faux dieux. Or les saints ne sont pas des dieux et leurs images ne sont pas des idoles. Lorsqu'on s'agenouille devant ces images, notre intention n'est pas de les adorer, mais de nous mettre dans une position propice à la prière.

Dans Jérémie 44.17, la «reine du ciel» était une déesse païenne bien connue à cette époque et n'avait rien à voir avec Marie. D'ailleurs, à l'époque où Jérémie a vécu, Marie n'était pas encore née.

 

P. Silvio Moreno, IVE


[1] Cf. Philip Schaff dans "The New Schaff-Herzog Encyclopedia of Religious Knowledge", sv Réforme. Pas de reference. 

[2] Cf. Fuentes, Miguel, En donde dice la biblia qué?, San Rafael 2005, p. 15-16. 

[3] William Chillingworth (12 octobre 1602 - janvier 1644), né à Oxford. Il fut élevé dans la religion anglicane, se convertit au Catholicisme à 17 ans, puis retourna au Protestantisme, et devint un des adversaires les plus ardents de l'église catholique. Il l'attaqua avec violence dans un traité intitulé : La Religion protestante, moyen sûr de salut, Oxford, 1637. John Locke cite les écrits de Chillingworth comme les plus propres à former à la rigueur du raisonnement.

[4] Cf. Fuentes, Miguel, En donde dice la biblia qué? p. 38-39. 

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