VIERGE MARIE ET LITTERATURE MARIALE EN AFRIQUE DU NORD (PERES DE L'EGLISE)

VIERGE MARIE ET LITTERATURE MARIALE EN AFRIQUE DU NORD (PERES DE L'EGLISE)

A la fin de ce mois de Marie, chers lecteurs, je voudrais vous proposer quelques-unes de plus belles pages de la littérature africaine sur la Vierge Marie. Nous avons le bonheur de posséder encore les œuvres des grands Docteurs de l’Eglise africaine qui ont si bien parlé de la Mère de Dieu. Nous allons recueillir quelques passages de leurs enseignements. Je suis sur qu'ils éclaireront et renforceront notre dévotion envers la Mère de Dieu.

1. Tertullien (160 – 240 ? Carthage - Tunisie)

Le plus ancien des écrivains de l’Eglise africaine parle ainsi de la maternité de Marie : « Voilà le signe prédit par Isaïe : qu’un homme naisse en Dieu et que Dieu naisse en homme, dans un corps humain, sans le secours de l’homme. Eve encore vierge s’était laissée envahir par la parole de mort. Une vierge devait recevoir en elle le verbe de Dieu, qui est la parole de vie, afin que ce qui avait causé, par la femme, la perte du genre humain, devienne, par la femme, la cause de son salut. Eve avait cru au serpent. Marie crut à Gabriel ! …vous voyez ce qu’il y a de nouveauté dans cette naissance virginale. Afin que la vierge fut notre régénération, elle a été spirituellement sanctifiée et exemptée de toute souillure même charnelle, par Jésus Christ»[1].

2. Saint Cyprien (martyrisé en 258 - Carthage - Tunisie)

Le grand martyr et admirable évêque de Carthage, s’exprime en ces termes expressifs : « Elle avait (Marie) ce privilège singulier qu’avant et après elle, aucune femme n’a mérité d’être en même temps et a tous les titres, Vierge et Mère. A la mère était due la plénitude de la grâce ; à la vierge, la surabondance de la gloire. Aussi pure par l’esprit que par la chair, elle jouissait au dedans et au dehors, de la présence spirituelle de son fils. L’Esprit Saint gardait son sanctuaire... et le cœur de Marie s’enivrait de délices qui surpassent toutes les idées humaines »[2].

3. Saint Augustin (354 - 430 Hippone - Algérie)

Augustin donne à la Vierge Marie des noms inspirés par la plus tendre piété et que nous redisons dans les litanies de la Sainte Vierge : « Porte du ciel. Reine des anges. Temple de Dieu. Vierge choisie dans l’univers. Vierge féconde par l’Esprit Saint. Étoile qui répand la lumière. Vierge par qui le salut a été donne au monde ».

Il fait allusion au privilège de 1’Immaculée Conception : « Exceptons la Vierge Sainte, de laquelle, à cause de l’honneur de Dieu, je ne veux pas qu’il soit jamais question, quand il s’agit de péché. Car nous savons combien a reçu plus de grâces que les autres, pour vaincre de toutes parts, le péché, celle qui a mérité de concevoir et d’enfanter celui qui fut certainement sans péché »[3].

Il la célèbre en des termes touchants : « Voici la fête désirée de la bienheureuse vénérable et toujours vierge Marie. Réjouissez-vous, bienheureuse vierge ! Le Christ notre Roi est descendu en vous, du sein de son Père ! Soyez bénie entre toutes les femmes vous qui avez enfanté la vie pour le genre humain ! O bienheureuse Marie, le monde captif est à vos pieds, c’est sur vous que repose toute son espérance ! »[4].

Il exhorte les fidèles à la piété envers Marie et à l’imitation de ses vertus : « Frères bien aimés, confions nous de toute l’ardeur de notre âme, à l’intercession de la très heureuse Vierge, et implorons de tout notre cœur, sa protection, afin qu’elle daigne nous recommander par sa prière dans les cieux. Mais que vous servira de l’invoquer si nous ne suivons les exemples d’humilité et de charité qu’elle nous a donnés ?  Plus elle nous verra ornés de vertus, plus elle s’empressera de conjurer son divin fils, de venir à notre aide »[5].

Finalement Saint Augustin la considère mère et membre de l’Eglise : « Faites donc bien attention, mes frères ; faites plus attention, je vous en conjure, à ce que dit le Seigneur Christ en étendant la main sur ses disciples : « Ceux-ci sont ma mère et mes frères ; et celui qui fait la volonté de mon Père qui m’a envoyé, celui-là est pour moi un frère et une sœur et une mère». Est-ce qu’elle n’a pas fait la volonté du Père, la Vierge Marie, qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été choisie pour que d’elle naisse pour nous le salut parmi les hommes, qui a été créée par le Christ, avant que le Christ ne fût créé en elle ? Elle a fait, elle a fait absolument la volonté du Père, sainte Marie ; et c’est plus pour Marie d’avoir été la disciple du Christ, que d’avoir été la mère du Christ. (…)

Ainsi, Marie est bienheureuse d’avoir écouté la Parole de Dieu et de l’avoir gardée : elle a gardé la vérité en son cœur plus que la chair en son sein. Le Christ est vérité, le Christ est chair. Le Christ vérité est dans le cœur de Marie, le Christ chair dans le sein de Marie ; ce qui est dans le cœur est plus que ce qui est dans le ventre.

[…] Marie est une partie de l’Église, un membre saint, un membre excellent, un membre suréminent, mais pourtant un membre du corps tout entier. […] La tête, c’est le Seigneur, et le Christ tout entier est tête et corps. Que dire ? Nous avons une tête divine, nous avons Dieu pour tête.

Donc, mes très chers frères, faites attention : vous aussi êtes les membres du Christ, vous aussi êtes le corps du Christ (…) Vous à qui je parle, vous êtes les membres du Christ : qui vous a mis au monde ? J’entends la voix de votre cœur : la Mère Église. Cette Mère sainte, honorée, semblable à Marie, elle enfante et elle est vierge…Gardez dans vos cœurs la virginité ; la virginité de l’esprit, c’est l’intégrité de la foi catholique »[6].

4. Saint Fulgence (467 - 532 - Ruspe - Tunisie)

Evêque de Ruspe (région de Ras Kaboudia, Sahel Tunisien), défendant la divinité de Jésus-Christ contre les ariens il insistait aussi sur la maternité divine de Marie : « Venez donc, ô jeunes vierges, à la première des vierges, pour recevoir ses bénédictions. Épouses, venez à l’épouse. Mères, venez à la véritable Mère. La fille de sainte Anne a dû, pour avoir son fils, passer par toutes les différentes phases de la nature afin d’être en état de secourir toutes les femmes qui recourraient à elle, et de devenir ainsi la régénératrice du genre humain, comme son fils, notre Seigneur en est le régénérateur »[7].

P. Silvio Moreno, IVE

[1] Tertullien, De Carne Christi, ch.18 et 20. Tous les textes cités ont été traduits en français par le P. Chales.

[2] Cf.  Ad Cornelium Papam.

[3] Saint Augustin. De Natura et Gratia ch. 36.

[4] Saint Augustin, Serm. 194.

[5] Saint Augustin, Sermon. 203

[6] Cf. Saint Augustin, Sermon Denis 25.

[7] Cf. Saint Fulgence, Sermon sur la Nativité.

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